Article N°20160203 du 15 février 2016
L’Algérie face aux adeptes du Grand Moyen-Orient
L’Algérie face aux adeptes du Grand Moyen-Orient

Cet article fait suite à l'article N°20160102 du 16 janvier 2016 - Le Grand Moyen-Orient souhaité par les néo-conservateurs.

Les adeptes du Grand Moyen-Orient ont conçu et utilisé le stratagème des ‘‘printemps arabes’’ pour confisquer le pouvoir aux gouvernants actuels au profit de populations économiquement défavorisées ou désirant reprendre le pouvoir politique. Cependant ils n’ont pas réussi à transformer même des pays qui leur étaient bienveillants, tels que le Yémen ou l’Égypte. Ils ont échoué à imposer leur projet en Irak et en Libye, après l’exécution de Saddam Hussein et de Mouammar Kadhafi. En Syrie, ils ont armé un ‘‘Etat Islamique’’ (‘‘Daesh’’), lui ont donné des moyens économiques,  sans réussir à éliminer Bachar El-Assad ni obtenir de contreparties.

Les conséquences de ces échecs obligent l’Arabie Saoudite à modifier sa politique qui consiste dorénavant à combattre l’Etat Islamique qu’elle avait précédemment financé.  Elles mettent également l’Algérie en danger.
 

L’Algérie est un État pétrolier dépendant du pétrole, dont les revenus s’estompent, incapable à terme de nourrir une population croissante et composée  majoritairement d’individus jeunes. Elle n’a pas su investir pour mettre en place des activités susceptibles de lui procurer d’autres types de revenus que ceux provenant de la vente d’hydrocarbures.

L’Algérie est - en apparence - dirigée par des vétérans de la Révolution coloniale et des accords d’Evian, qui se sont emparés du pouvoir politique et qui sont encore actuellement les principaux bénéficiaires des exportations d’hydrocarbures. C’est d’autre part un pays confronté à la montée de l’intégrisme islamique au sein de sa population paupérisée.

Par suite de l’échec des révolutions arabes, l’Algérie sera lâchée par les adeptes du Grand Moyen-Orient. Pour ne pas perdre les profits de la vente d’hydrocarbures (pétrole, gaz), ces derniers pourraient y importer des conflits de type libyen si la situation intérieure n’est pas maîtrisée par les dirigeants politiques au départ de Bouteflika. Les divisions existantes de la population entre Berbères, Touaregs, turco-arabes etc. se traduisant par des détestations réciproques pourraient en effet y engendrer de sévères conflits interethniques.
 

Afin de maintenir leur statu quo à l’intérieur du pays, les islamistes algériens n’ont d’autre choix que d’exporter les conflits internes  au-delà des frontières ; c’est à dire au sud – contre les intérêts français, être complices plus ou moins actifs de troubles voire d’attentats satisfaisant les adeptes du Grand Moyen-Orient  – ou à l’ouest, contre le Maroc qui revendique les territoires d’une partie réservée au futur Grand Moyen-Orient, ou encore à l’est pour donner des gages à l’islamisme radical qui cherche à s’implanter en Tunisie.

 

Exportation de ses conflits depuis 1993
 

En juin 1992, est formé le Groupe Islamique Armé  (GIA), organisation armée, dont le but apparent est de renverser le gouvernement algérien, pour le remplacer par un État islamique.

Tout comme le Front Islamisque du Salut (FIS), le GIA est divisé en deux clans, les salafistes qui cherchent à mettre au point une révolution islamique mondiale et les djazaristes qui veulent prendre le pouvoir en Algérie. Il est composé essentiellement d’anciens volontaires algériens formés à la guérilla dans les maquis d’Afghanistan, ou d’autres qui ont combattu en Bosnie-Herzégovine.

Le conflit interne à l’Algérie est alors exporté en France et en Europe ; on assiste à une autre vague d’attentats attribués au GIA ; des Français d’Algérie ou de Métropole, des Européens, laïcs ou religieux, deviennent la cible de groupes djihadistes :

  • Le 21 septembre 1993, deux géomètres français, Emmanuel Didier et François Berthelet, sont assassinés à Sidi Bel Abbès.
     
  • Le 24 octobre 1993, trois agents consulaires français (les époux Jean-Claude et Michèle Thévenot et Alain Fressier) sont enlevés à Alger mais mystérieusement libérés sans contrepartie.
     
  • Le 14 décembre 1993, douze ouvriers croates sont égorgés à quelques kilomètres du monastère de Thibhirine. Les auteurs ont séparé musulmans et chrétiens, pour ne tuer que ces derniers.
     
  • Le 24 décembre 1993, un groupe armé de l’AIS (branche armée du FIS) fait irruption dans le monastère de Thibhirine. Il exige l’impôt révolutionnaire pour sa cause et veut emmener le médecin de la communauté, frère Luc. Christian de Chergé, prieur du monastère refuse, tout en rappelant que frère Luc reste disponible pour tous les malades qui viendront au monastère.
     
  • Le 8 mai 1994, deux religieux français (le père Henri Vergès et sœur Paule-Hélène Saint-Raymond) sont tués, par deux hommes armés de revolvers, dans le quartier de la Casbah, à Alger.
     
  • Le 3 août 1994, assassinat à Alger, de trois gendarmes français et de deux agents de l’ambassade de France.
     
  • Le 4 décembre 1994, un commando du GIA détourne le vol AF 8969 qui s’était envolé d’Alger, avec pour but de le faire s’écraser sur Paris, si les autorités algériennes ne libéraient pas deux des responsables du FIS.
     
  • Le 27 décembre 1994, quatre Pères blancs, dont trois Français (Alain Dieulangard, Christian Chessel et Jean Chevillard) sont assassinés à Tizi Ouzou, en Kabylie.
     
  • Le 5 mai 1995, 5 coopérants : 2 Français (Richard Machabert et Jean-Claude Cordjon), 1 Britannique (Edward Wilson), 1 Canadien (Janer MacGari) et 1 Tunisien (Moustafa Zemirli) sont assassinés, dans les locaux de la société algérienne Anabib, prés de Ghardaïa.
     
  • Entre juillet 1995 et octobre 1995, le GIA organise une série d’attentats en France. Celui de la station Saint-Michel, le 25 juillet 1995, sera le plus lourd car il fera huit morts et environ 150 blessés.
     
  • Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, sept moines trappistes du Monastère de Tibhirine, en Algérie, sont enlevés et séquestrés pendant deux mois. L’assassinat des moines est annoncé le 21 mai 1996, dans un communiqué attribué au GIA.
     
  • Le 1er août 1996, Pierre Claverie, évêque d’Oran, est tué avec son chauffeur, lors d’un attentat à la bombe. Cette attaque est officiellement imputée au GIA mais cette version des faits est contredite par l’ancien général, François Buchwalter, qui affirme que ce sont les autorités algériennes de l’époque qui sont en partie responsables de cette opération.
     
  • Le 26 mai 1998, deux semaines avant la coupe du monde de football, une opération visant des islamistes, rattachés au GIA, est lancée dans cinq pays (en Allemagne, en Belgique, en France, en Italie et en Suisse). Une centaine d’individus sont alors appréhendés, dont trois sont des personnes influentes (Adel Mechat, un important représentant d´Hassan Hattab en Europe, Omar Saïki et Abdallah Khinai). Ces trois islamistes devaient ranimer les réseaux déjà créés en Europe, affilés au GIA, et recruter de nouveaux adhérents.
publié par Jacques Lazare le lun, 15/02/2016 - 23:06